Éros (contre) nature
Publié sur internet, juin 2025.
À l’ombre des fascismes patriotes, l’oubli d’Éros l’anarchiste, le trans, le queer et l’insoumis.
Il n’avait pas de nom,
Éros —
mais des éclats dans la gorge,
des griffures dans les draps du monde,
un feu sans forme qui ne s’encarte pas.
Ils ont voulu lui donner des muscles,
une nation,
une main ferme sur l’épaule du bro’.
Ils ont dressé leur étendard :
« aimer entre hommes, oui —
mais comme on serre un sabre. »
Pas de fêlure, pas de moiteur,
pas de regard.
Éros, lui,
rampait ailleurs.
Il riait sous la table des cérémonies.
Il soufflait dans les bouches qui hésitent,
dans les reins qui cèdent au trouble,
dans les yeux qui pleurent après le sexe.
Ils l’ont appelé viril, propre,
héros.
Mais il venait nu,
boueux de l’origine,
enfant incestueux de la guerre et du chaos
et enfant de nulle part.
Il ne marchait pas droit.
Il léchait la poussière,
Il s’aimait en miroir,
et se travestissait sans gloire.
Éros — n’est pas la bannière.
C’est la tache dans la fente.
C’est le cri au fond du placard.
C’est la honte qui bande encore.