Clinique du genre en psychanalyse (2006-2025)
Entre 2006 et 2025, j’ai tenté d’élaborer quelques propositions pour une Clinique du genre en psychanalyse.
La Clinique du genre part du constat que la psychanalyse classique est en crise face aux nouvelles identités sexuelles et de genre. Les catégories traditionnelles (homme/femme, hétérosexualité/homosexualité) ne suffisent plus à rendre compte des réalités subjectives et cliniques contemporaines. Il s’agit alors d’explorer des modes de sexuation hors de la binarité, où l’expérience du genre est intégrée comme un élément central, non de la subjectivation mais de la création du sexe.
Les questions de genre ne constituent pas l’unique intérêt que la psychanalyse relève dans l’actualité, mais elles en sont un aspect saillant qui mobilise la pensée, aussi il me semble intéressant d’en avoir fait un chapitre spécifique de mon travail. Ces trouvailles ne rendent pas compte de la variété des constructions rendues possibles au cours d’une cure psychanalytique, d’une analyse, mais elles se concentrent sur quelques élaborations rendues nécessaires pour cheminer avec le genre, avec le sexe tels qu’ils se trouvent au premier plan de notre actualité sociale, culturelle, civilisationnelle, sexuelle, économique, etc.
Le déficit de théorisation incluant les actualités sexuelles oblige à mettre en partage nos trouvailles, c’est une bonne nouvelle. Voici celles que je crois utiles à qui voudrait, d’où qu’ielle se tient dans l’expérience, soutenir ses élaborations. Par exemple, pour reprendre notre pensée de la bisexualité psychique constitutive et celle du Phallus comme signfié de la Jouissance ainsi que le genre se présente et redéfinit ce que nous pensions savoir du sexe.
Loin de considérer le genre comme une simple question sociopolitique, il s’agit de montrer qu’il est un levier pour repenser la psychanalyse elle-même. Le genre réinvente le sexuel et le sexe en ouvrant à des expériences subjectives qui ne se laissent plus enfermer dans certaines catégories. « Le genre est un objet imaginaire à quoi le sexe correspond en tant que processus symbolique » (Le sexe réinventé par le genre). Le genre est donc une construction psychique active, un moyen d’explorer et de transformer le sexuel dans une perspective clinique.
Deux hypothèses et interprétations principales constituent les axes de cette recherche clinique :
1 – Le genre paraît par l’effet des savoirs sur le sexuel mis en circulation par la psychanalyse.
2 – L’opportunité/nécessité trans (et son déploiement actuel) paraît par l’effet de l’élucidation des logiques sexuées (et non seulement sexuelles), menant notre expérience du Phallus depuis l’objet jusqu’au signifié en passant par le signifiant.
Les résultats de cette recherche se caractérisent (en larges traits):
1 – par la possibilité d’accueillir le genre comme nouvel élément théorique, dont les définitions (littérale et borroméenne) et les maniements (clinique et conceptuel) permettent de mettre en lumière les conditions du choix du sexe par le sujet de l’inconscient (choisi faute d’être décidé).
2 – par un complément à la Théorie sexuelle en interprétant l’a-sexuation issue d’une exploration du versant dextrogyre du nœud borroméen accouchant de quatre autres discours (trans, écologiste, féministe et identitaire).
3 – par le dégagement de deux fantasmes, le fantasme heteros-patriarche et l’a-patride, permettant une autre critique du patriarcat (comme perversion) sous les assauts d’une perversion du phallique actuelle visant sa transformation culturelle et l’élucidation d’un possible complément de la perversion paternelle ordinaire ou perversion du Phallus (plus connue sous le nom de patriarcat) avec la perversion du phallique désormais à l’œuvre parmi les dissidences au phallogocentrisme vectorisées par le Discours Trans (ouvrant à d’autres sexuations sur l’ouverture de l’a-sexuation).
En janvier 2025 s’est imposé, à la suite d’une tentative de conversations sur l’inconscient, le lien social et les sexuations, de clore ce cycle de recherche sur la clinique du genre en psychanalyse au moment d’avancer plus fermement sur sa transmission. Ceci en raison de l’état du milieu psychanalytique (passé de l’ignorance à l’offensive sur ces questions, au mépris de toute éthique), distinct de la psychanalyse qui est en bien meilleure santé que lui et se fabrique et se transmet hors de la doxa.
Plusieurs publications sont disponibles, la totalité de cette recherche y est consignée ; elles rassemblent l’ensemble des explorations et propositions théoriques et cliniques afférentes à l’évènement « genre » dans l’entreprise psychanalytique. Une série de tableaux, graphiques et tentatives de schématisations sont également disponibles.
1 – Contenus
2 – Publications (articles et livres)
3 – Éléments graphiques et tableaux
4 – Bibliographies
Contenus
Au programme, entre autres choses, quelques notions, dont celles-ci énumérées très partiellement :
- émergences du genre dans la clinique
- repérage topique, dynamique et économique du genre
- définitions psychanalytiques du genre
- apories sexuelles (sexe, sexualité) de la psychanalyse
- transition par le sexe/par le genre
- un troisième sexe
- non-relativité de la bisexualité psychique constitutive
- identités sexuelles, identités d’aliénation/séparation, identité de transition
- identité, identification, identitaire
- orientation sexuelle insensée
- normes sexuelles, normes sociales/paysage de la sexuation, paysage social
- écrits bruts, écritures inclusives, langage épicène
- repérage borroméen du genre, du sexe et du champ de l’identité
- fantasme a-patride, fantasme heteros-patriarche et discours capitaliste
- l’a-sexuation
- signifiant versus performatif
- création du sexe nouveau, choix du sexe, décision du sexe
- écritures des sexes, écritures du symptôme
Publications
Défaire son genre, pour quoi dire (2009)
L’expérience queer et l’inquiétant (2010)
Le genre en psychanalyse, retour de la critique du savoir (2014)
Actualité du « roc » freudien : le premier homme « enceint » (2014)
Émergence et maniement du genre dans la clinique, de la substance à l’objet (2014)
Le « genre gay » et souffrance identitaire : le phénomène slam (2014)
Le genre en psychanalyse : périmètre du définition (2014)
Anatomie et destin du genre chez Freud et quelques contemporains (2015)
L’humanité a besoin des errements des sexes et des déambulations des genres (2016)
L’identité n’est pas une réponse à nos doutes existentiels (2016)
Comment les enfants transgenres vont changer la langue des adultes (2017)
La sexualité, cet impensé pour la psychanalyse (qui devrait le rester) (2020)
L’a-sexuation : perversion du phallique et fonction de la castration (2021)
Les enfants transgenres : espoirs de civilisation (2021)
Note complémentaire sur l’a-sexuation : du fantasme héteros-patriarche au fantasme a-patride (2022)
« Psychanalyse », « Enfant », « Transgenre » : ce ne sont que des signifiants (2022)
Lettre à un·e psychanalyste d’à présent (2022).
Si La Femme n’existe pas, La Bite non plus (2022).
La sexuation, les enjeux du phallique et le genre (2022).
L’inconscient n’est pas bisexuel, iel est la bisexualité (2022).
POV: VLNQ, un livre de PN (2023).
Fumer le Phallus au calumet (2023).
Chifoumi psychanalytique, Discours trans et Sexuations (2023).
Montre-moi ton dortoir, je te dirai qui tu es (2023).
Les Un·e·s contre des autres (2024).
Conversation avec la place vide (2024).
Conversation avec l’IA (2024).
Complément à la Théorie sexuelle (1 ) : l’a-sexuation (2024).
Conversation avec l’identité, l’identitaire et l’identification (2024).
Clinique du genre en psychanalyse : fin de partie (2025).
Et par les livres, qui reprennent et complètent aussi les articles :
Du genre à l’a-sexuation, une interprétation psychanalytique (2022), volume 2 de la Clinique du genre en psychanalyse, non publié.
Parle à mon corps, roman (2023).
Bonne lecture !
Éléments graphiques, tableaux et schémas
Définition du genre en psychanalyse (2013)
Le genre est la limite située à la fois à l’extérieur et à l’intérieur du sexe, le littoral ou la marge du sexe capable d’en révéler la profondeur de champ. Le genre apparaît sous l’effet du sexuel ; il interroge les savoirs inconscients de la différence sexuelle, et fait vaciller les identifications jusqu’à leur renouvellement. Ainsi, le genre défait le sexe et crée le sexe dans l’entre-deux de son trouble intermittent, à l’instant de stabilité où il s’éprouve.
Le sexe réinventé par le genre, une construction psychanalytique, Eres, 2016.
Repérage du genre, sexe, sexuation (2013)
Le sexe réinventé par le genre, une construction psychanalytique, Eres, 2016.
Repérage borroméen du sexe, du genre et de la sexuation sur le noeud borroméen (lévogyre) (2016)

Le sexe réinventé par le genre, une construction psychanalytique, Eres, 2016.
Repérage de l’identitaire, identité, identification (2018)
Inédit, conférence à Cerisy pour le colloque autour des travaux de Laurence Khan.
Repérage de trois jouissances (2020)
« L’a-sexuation : perversion du phallique et fonction de la castration », septembre 2021.
Proposition de lecture des formules de la sexuation ou Formules de l’a-sexuation (2021)
Ajout d’un poinçon entre le S et l’objet a

Frères d’âmes ou La Communauté dépassée, L’un·e, 2021.
Repérage borroméen du sexe, du genre, de l’objet a ; de l’identification, de l’identité et de l’identitaire ; ainsi que trois jouissances, sur le noeud (dextrogyre) (2021)
« L’a-sexuation : perversion du phallique et fonction de la castration », septembre 2021.
Déroulé de la cure (à partir du genre… et pas que), en perspective tri-dimensionnelle (2021)
1 – Premier mouvement — S/R : du supposé savoir au réel inconscient
2 – Second mouvement — R/I : de l’inconscient réel à l’imaginaire spéculaire
3 – Troisième mouvement — I/S : de l’imaginaire non spéculaire au savoir supposé
« L’a-sexuation : perversion du phallique et fonction de la castration », septembre 2021.
Du « 2 » faire un peu plus (ou beaucoup mieux)
NB : Plusieurs retour sur ce tableau ont souligné le souci binariste d’une présentation en deux colonnes. C’est un énorme problème pour la lecture et les effets de cette lecture. Sur ce point, pour se soutenir d’un savoir issu de l’expérience analytique, j’ajoute donc cette remarque sur le binarisme en tant que symptôme binoculaire de nous autres bipèdes à deux yeux sur la face : Le regard (qui n’est pas l’œil qui voit) a la capacité de réduire (par le démenti) l’écart entre le voir et le vu. Ceci a des conséquences. A la réalité, cet écart démenti fait retour où il éclate aux corps, dissout le voisinage, la jonction, la confusion inhérente ) à qui se présentent à l’oeil chargé (malgré lui) de les écarter, de les distinguer, de les secare (étymologie de sexe, au sens de séparer). C’est pourquoi il est si difficile, presque inévitable de rater la lecture d’un tableau à deux colonnes que nous abordons irrépressiblement par ce versant de réalité qui méprise l’irréel au point de nous faire oublier que ce qui est écrit dans une colonne et ce qui l’est dans l’autre l’ont été avec la même encre.
« Fumer le Phallus au calumet ou La Psychanalyse : symptôme sororal », octobre 2023.
Repérage du sexe, genre, sexuation, Phallus et objet a (2023)
« Chifoumi, Discours trans et Sexuations », novembre 2023.
Discours trans et formules de l’a-sexuation (2023)
« Chifoumi, Discours trans et Sexuations », novembre 2023.
L’être sexué·e, tout en ne s’autorisant que de iel-même, n’est pas sans s’autoriser de quelques autres.
«Les Un·e·s contre des autres », avril 2024.
Quatre discours, depuis le versant dextrogyre du nœud borroméen (2024).
Complément à la Théorie sexuelle (1 ) : l’a-sexuation (2024).
Bibliographies
© Une bibliographie complète (environ 300 références), indicative dans les champs de la psychanalyse, sociologie, philosophie, queer studies, féminismes, anthropologie, histoire, politique, gender studies, etc., hors littérature.
© Une bibliographie restreinte (environ 50 références) sur les ouvrages de psychanalyse utiles à cette clinique.